Prise de poids : et si c'était la thyroïde ?
- Mélodie
- 12 mai 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 mai 2024
Vous avez des difficultés à perdre du poids ? Vous souffrez par ailleurs de fatigue, symptômes dépressifs ou encore de frilosité ? La prise de poids n'est pas qu'une question d'excès alimentaires, elle peut résulter de déséquilibres physiologiques. Dans cet article, je vous explique les liens entre l'hypothyroïdie et la prise de poids, mieux comprendre pour mieux agir.

Thyroïde : son rôle clé dans la combustion des graisses
La thyroïde, au cœur de la régulation de votre métabolisme, joue un rôle central dans la combustion des graisses.
Qu'est ce que la thyroïde et comment fonctionne-t-elle ?
La thyroïde est ce qu'on appelle une glande endocrine, c'est à dire qu'elle a la capacité de produire et sécréter plusieurs hormones. Située au niveau du cou, sa forme fait penser à celle d'un papillon. La thyroïde est peu connue, pourtant, les hormones thyroïdiennes ont une influence majeure sur l'activité et le fonctionnement global de l'organisme.
Les deux hormones principales produites par la thyroïde sont la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). La première représente environ 90% de la sécrétion hormonale thyroïdienne, alors que la seconde seulement 10%. A noter que seule la T3 est active et a la capacité d'exercer une action sur les cellules de l'organisme. En réalité, 80% de la T3 circulante est obtenue à partir de la transformation de la T4 par le foie.
Pour comprendre l'action de la T3 sur l'organisme, on peut imaginer un variateur de lumière à l'intérieur d'une pièce. La pièce représente la cellule : plus la lumière est forte, plus l'activité de la cellule est intense. La T3 agit sur le "variateur", le récepteur de la cellule, pour augmenter son activité. Autrement dit, la T3 favorise l'activation des cellules.
Ainsi, le fonctionnement de la thyroïde, via la T3, régule le métabolisme de l'organisme. Le métabolisme, c'est l'ensemble des activités chimiques qui ont lieu au niveau cellulaire.
Comment la thyroïde impacte l'utilisation des graisses ?
Pour répondre à cette question, revenons à l'image du variateur de lumière. Pour fonctionner, la lumière a besoin d'une source d'énergie. Autrement dit, une fois activée, notre cellule va puiser de l'énergie pour fonctionner. Pour le corps, les premières sources d'énergie sont le glucose et les acides gras, autrement dit, la graisse. Au final, l'activation de la cellule par la T3 augmente le besoin énergétique et favorise ainsi l'utilisation des graisses comme source d'énergie.
Cependant, le corps est un fin économe, il n'aime pas gaspiller son énergie. Pour économiser l'utilisation de ses ressources, il régule l'activité de la thyroïde en fonction de ses besoins. Cette régulation est assurée par le cerveau, particulièrement l'hypothalamus qui détecte les hormones thyroïdiennes circulantes. Si l'hypothalamus détecte un niveau de T4 ou T3 inférieur aux besoins de l'organisme, il donne l'alerte à une autre glande endocrine, l'hypophyse, qui à son tour sécrète une hormone dont le rôle est de stimuler la thyroïde : c'est la TSH.
Grâce à ce système de rétro feedback sur l'activité de la thyroïde, le métabolisme est ainsi régulé pour ne pas gaspiller l'énergie inutilement. De fait, dans une certaine mesure, les fluctuations hormonales de la thyroïde sont normales. Ces changements répondent aux besoins de l'organisme qui eux même fluctuent. Cependant, des dérèglements profonds peuvent survenir et tendre soit vers l'augmentation ou la diminution chronique et pathologique du fonctionnement de la thyroïde. En effet, de nombreux facteurs peuvent interférer dans le processus et perturber le fonctionnement de la thyroïde.
Pourquoi la thyroïde dysfonctionne ?
Lorsque les hormones thyroïdiennes sont présentes en excès ou à l'inverse insuffisantes, on parle de dysfonctionnement de la thyroïde. Or, nous l'avons vu, la thyroïde fait partie d'un système qui fonctionne en boucle. Il serait donc plus juste de parler plus largement d'un dérèglement de la fonction thyroïdienne, ce qui englobe toutes les étapes du processus et pas seulement la thyroïde.
En effet, on peut donc repérer plusieurs moments ou endroits où la fonction thyroïdienne peut être perturbée :
la synthèse hormonale au niveau de la thyroïde
la transformation de la T4 en T3 (locale ou périphérique)
la bonne réceptivité de la T3 par les cellules
la bonne régulation de l'activité de la thyroïde par le cerveau
Par ailleurs, la fonction thyroïdienne ne fonctionne pas en circuit fermé. Elle est dépendante du bon fonctionnement de l'organisme dans sa globalité. De nombreuses causes peuvent donc être à l'origine d'un dérèglement.

Un régime alimentaire restrictif, un intestin en mauvaise santé ou un microbiote déréglé peuvent engendrer des carences alimentaires en certains nutriments nécessaires au fonctionnement de la thyroïde.
Un terrain inflammatoire lié par exemple à un surpoids pourra altérer la bonne réceptivité des cellules à la T3.
L'excès ou le manque de cortisol selon un stress plus ou moins chronique altère respectivement soit la transformation de la T3, soit sa capacité à pénétrer la cellule.
De même, une exposition chronique à des polluants, métaux lourds, additifs alimentaires ou pesticides perturbent le fonctionnement des hormones thyroïdiennes. De plus, un foie engorgé aura plus de difficultés à transformer la T4 en T3.
La thyroïde nécessite un ensemble de conditions saines pour bien fonctionner, un seul grain de sable dans l'engrenage peut faire dérailler tout le système.
On retrouve donc deux grands déséquilibres de la thyroïde : l'hyperthyroïdie et l'hypothyroïdie. L'hyperthyroïdie désigne une fonction thyroïdienne augmentée. A l'inverse, l'hypothyroïdie, du grec "hypo" qui signifie "en dessous", "sous", se caractérise par une diminution de la fonction thyroïdienne.
Prendre soin de sa thyroïde pour retrouver son poids de forme
Prise de poids : pourquoi soupçonner une hypothyroïdie ?
Les excès alimentaires sont souvent pointés du doigts dans le cas d'un surpoids ou de la difficulté à retrouver son poids de forme. Or, la mise en place systématique de régimes parfois restrictifs peut se solder par des échecs répétés et même aggraver le problème. De fait, il est important de se faire accompagner afin d'identifier les bonnes causes et agir plus efficacement.
Dans le cas d'une hypothyroïdie, et quelle qu'en soit la cause, le métabolisme est ralentit. Nous l'avons vu plus haut, le ralentissement du métabolisme engendre une diminution de l'utilisation des graisses ce qui favorise le stockage et la prise de poids. Dans le cadre d'une prise de poids inexpliquée ou une difficulté à perdre du poids, on peut donc suspecter une hypothyroïdie.
Les troubles de la thyroïde sont fréquents en France, ils touchent environ 2% de la population.
L'hypothyroïdie est le trouble le plus fréquent de la thyroïde. Les dérèglements de la thyroïde sont par ailleurs plus fréquents avec l'âge du fait de la diminution importante des récepteurs à la T3 entre 30 et 60 ans. A noter aussi que l'hypothyroïdie est 3 fois plus répandue chez les femmes que chez les hommes.
Lorsque la fonction thyroïdienne est déréglée, la prise de poids n'est cependant pas le seul indicateur. En effet, le ralentissement du métabolisme est logiquement associé à d'autres symptômes tels que :
fatigue importante, somnolences pendant la journée
difficultés de concentration, pertes de mémoire
diminution du rythme cardiaque et troubles de la circulation, frilosité, crampes
peau sèche, perte de cheveux
ralentissement du transit et constipation
symptômes dépressifs, perte de motivation ...
En cas de suspicion, la première chose à faire est de consulter son médecin. En effet, lui seul pourra établir un diagnostic.
Hypothyroïdie : de la prise en charge médicale à l'accompagnement holistique
Le diagnostic de l'hypothyroïdie repose principalement sur une prise de sang afin de doser la TSH. Rappelez vous, cette hormone est sécrétée par l'hypophyse afin de stimuler l'activité de la thyroïde. Une TSH élevée indique donc un besoin accru de l'organisme en hormones thyroïdiennes et peut donc révéler un dysfonctionnement au dessus d'un certain seuil.
En cas d'hypothyroïdie avérée, les médecins prescrivent le plus souvent une hormone de synthèse apparentée à la T4.
Comme nous avons pu voir, la T4 est une hormone inactive et nécessite d'être transformée en T3. Or, cette transformation nécessite un apport suffisant en cofacteurs : des nutriments principalement apportés par l'alimentation tels que le fer, le magnésium et plusieurs vitamines. De même, d'autres cofacteurs sont nécessaires à la pénétration de la T3 dans la cellule. A noter que les hormones thyroïdiennes elles-mêmes sont constituées de molécules d'iode apportées par l'alimentation. L'alimentation est donc un pilier majeur dans la fonction thyroïdienne, de même que la gestion du stress, l'activité physique ou le respect de ses rythmes biologiques.
Pour cette raison, il est nécessaire de rester attentif aux symptômes même en cas de traitement médical et de pouvoir conserver le dialogue avec votre médecin. Il est tout aussi important de garder une vision globale et de pouvoir se faire accompagner de manière holistique pour retrouver son équilibre.
Soutenir sa thyroïde et réguler son poids grâce à la naturopathie
Nous avons vu que l'implication de la thyroïde est vaste et dépend d'une santé globale à la fois physique et mentale. Chaque processus de l'organisme est lié à un autre. De nombreuses causes peuvent expliquer un dérèglement de la thyroïde dont certaines peuvent être régulées naturellement.
Le naturopathe peut vous aider à soutenir naturellement la fonction thyroïdienne à plusieurs niveaux :
assurer les apports nutritionnels nécessaires à la synthèse, la conversion et l'action des hormones thyroïdiennes
identifier et limiter les perturbateurs endocriniens
aider à réguler le stress physique ou émotionnel
orienter vers une hygiène de vie favorable à la stimulation de la thyroïde (activité physique, chronobiologie)
recommander certaines plantes pour stimuler naturellement la thyroïde
soutenir et rééquilibrer les fonctions d'organes majeurs tels que le foie ou l'intestin
prévenir ou accompagner les maladies qui ont un impact sur le fonctionnement de la thyroïde : diabète, surpoids...
L'hypothyroïdie, comme une majorité des maladies est multifactorielle : c'est à dire que les causes peuvent être multiples et se cumuler entre elles. Une partie de ces causes concernent des facteurs modifiables qui nécessitent notamment des mesures au niveau de l'hygiène de vie. Par ailleurs, l'hypothyroïdie peut être secondaire à d'autres déséquilibres sur lesquels il est possible d'agir. La vision holistique de la naturopathie et les solutions naturelles qu'elle propose en faveur d'une fonction thyroïdienne saine offrent une approche complémentaire efficace au suivi médical.
Bibliographie
1. Dysthyroïdies : la HAS publie un socle complet de recommandations_. (n.d.). Haute Autorité De Santé. https://www.has-sante.fr/jcms/p_3420835/fr/dysthyroidies-la-has-publie-un-socle-complet-de-recommandations
2. Veroli, P. (2016). Thyroïde - Les solutions naturelles. Thierry Souccar Éditions.
3. HAS, Pertinence des soins. Hypothyroïdie. Rapport d'élaboration. 2019 (https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2019-03/rapport_pertinence_hypothyroidie_vf.pdf)
4. Résistance aux hormones thyroïdiennes | Maladies Endocriniennes (http://www.maladies-endocriniennes.fr/pathologies/resistance-aux-hormones-thyroidiennes/)
留言