Dépression : agir sur les causes biologiques grâce à la naturopathie
- Mélodie
- 3 nov. 2022
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 5 avr.
Non ! Ce n'est pas dans votre tête.
Aujourd'hui encore, la dépression reste entourée de nombreux préjugés qui freinent une prise en charge réellement complète et efficace de la maladie.
Comprendre que la dépression n'est pas uniquement un trouble "psychologique" mais qu'elle est aussi associée à des modifications biologiques concrètes permet de sortir du cercle vicieux de la culpabilité et d'ouvrir la voie à une prise en charge globale, incluant la naturopathie comme levier d'action complémentaire aux approches médicales et psychologiques.
Quels sont les mécanismes cachés de la dépression ?
Comment la naturopathie apporte de réelles solutions pour agir naturellement contre ces facteurs de risques ?

Dépression : une vision trop limitée pour une maladie complexe
Symptômes de la dépression : corps et esprit en déséquilibre
La dépression ne se limite pas à une tristesse passagère : elle affecte en profondeur le fonctionnement émotionnel, mental et physique.
humeur dépressive : tristesse, désespoir, sentiment de vide, irritabilité, anxiété
perte de plaisir et d'intérêt pour des activités normalement appréciées (anhédonie)
troubles cognitifs : ralentissement, perte de mémoire, difficulté à se concentrer, à prendre des décisions
Au delà des manifestation psychologiques, il existe également des symptômes physiques ou fonctionnels tels que douleurs, prise ou perte de poids, sensations d'oppression, fatigue, perte d'appétit, baisse de libido, troubles du sommeil...
Précisons que la présence de ces symptômes ne signifie pas nécessairement une dépression, mais leur persistance sur une période d'au moins deux semaines justifie une consultation médicale.
La dépression est classée comme un trouble mental affectant l'humeur. Pourtant, les troubles qui y sont associés dépassent la seule sphère psychique. Si cette classification de la dépression permet une reconnaissance de la maladie et une prise en charge médicale précieuse (psychothérapies, antidépresseurs), elle peut aussi limiter la compréhension de sa complexité.
Dépression et santé mentale : le piège de la motivation
Pourquoi est-ce important de penser au delà du mental ? Car cette vision restrictive de la dépression entretient l'idée que la dépression peut simplement se régler par un effort de volonté.
Si vous avez connu la dépression ou la traversez actuellement comme 5 à 15% de la population française, peut-être avez-vous déjà entendu :
"Sors un peu, ça ira mieux."
"Fais du sport, ça va te changer les idées."
"Arrête de ressasser, pense positif !"
Pourtant, ces conseils ignorent une réalité essentielle : la dépression n'est pas qu'une question de volonté, mais une maladie qui impacte aussi le corps. La reconnaissance de cette dimension biologique permet d'alléger la culpabilité et d'accepter un accompagnement adapté.
Comprendre les causes biologiques de la dépression
Si vous souffrez de dépression, vous avez peut-être déjà exploré des pistes psychologiques ou émotionnelles pour aller mieux. Mais il existe aussi des causes biologiques, souvent méconnues, qui contribuent à l’état dépressif et méritent d’être prises en compte pour une approche plus complète et efficace.

Neurotransmetteurs : ces déséquilibres chimiques qui pèsent sur l’humeur
La sérotonine, souvent surnommée "l'hormone du bonheur", la dopamine, associée à la motivation et au plaisir, et le GABA, sont des messagers chimiques de notre cerveau qui régulent la communication entre les neurones.
Un dérèglement de ces neurotransmetteurs peut entraîner un état dépressif persistant. C'est d'ailleurs le mécanisme d'action d'une classe d'antidépresseurs, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS), qui visent à augmenter la disponibilité de ce neurotransmetteur dans le cerveau.
L’inflammation silencieuse : un facteur méconnu de la dépression
La dépression est souvent associée à un état inflammatoire généralisé, avec une augmentation des cytokines pro-inflammatoires, qui affectent le fonctionnement du cerveau.
La présence de cytokines inflammatoires est notamment associée à une diminution du taux de sérotonine ou de dopamine dans le cerveau, créant ainsi un terrain propice aux troubles dépressifs.
De plus en plus de personnes sont concernées par les une inflammation chronique. Ce type d'inflammation évolue à bas bruit, souvent en réaction à un dérèglement persistant : stress quotidien, surpoids ou encore un déséquilibre du microbiote intestinal. Ces pistes sont pourtant peu explorées dans la prise en charge de la dépression.
L’intestin, ce deuxième cerveau qui influence l’humeur
L’axe intestin-cerveau constitue aujourd’hui l’un des champs les plus prometteurs dans la compréhension des troubles de l’humeur. Cette communication bidirectionnelle — via le système nerveux entérique, les voies immunitaires et sanguine — montre que l’intestin ne joue pas seulement un rôle digestif, mais aussi émotionnel et cognitif.
On estime que plus de 90 % de la sérotonine est produite au niveau intestinal, sous l’influence directe du microbiote.
Ce microbiote, composé de milliards de micro-organismes, influence l’activité cérébrale de plusieurs manières :
Il module la production de neurotransmetteurs (sérotonine, dopamine, GABA).
Il régule la perméabilité intestinale : lorsqu’elle est altérée, des molécules pro-inflammatoires peuvent passer dans la circulation et atteindre le cerveau, créant un état inflammatoire de bas grade délétère pour l’humeur.
Il impacte l’immunité et la réponse au stress, deux dimensions fortement impliquées dans les états dépressifs.
Un déséquilibre du microbiote intestinal, appelé dysbiose, peut ainsi contribuer à l’installation ou à l’aggravation d’un état dépressif, en affectant aussi bien la chimie du cerveau que la qualité du sommeil, l’énergie ou la capacité à gérer les émotions.
Hormones et dépression : un équilibre fragile à préserver
Les hormones jouent un rôle clé dans la régulation des émotions, de l’énergie et de la stabilité mentale. Lorsqu’un déséquilibre hormonal s’installe, il peut perturber en profondeur les mécanismes qui participent au bien-être psychique.
C’est le cas notamment de l’hypothyroïdie, un trouble de la thyroïde qui implique un dérèglement hormonal
Le cortisol, hormone majeure du stress, est particulièrement impliqué. Une sécrétion excessive et prolongée de cortisol est aujourd’hui reconnue comme un facteur aggravant, voire déclencheur, de la dépression. Elle altère la neuroplasticité, perturbe la production de neurotransmetteurs et entretient l'inflammation.
Chez la femme, les variations des œstrogènes et de la progestérone jouent également un rôle déterminant. Ces hormones influencent la synthèse et la sensibilité des récepteurs à la sérotonine, à la dopamine et au GABA, tous impliqués dans l’humeur et la motivation. Syndrome prémenstruel sévère (TDPM), post-partum, périménopause... sont tous associés à un risque de dépression élevé.
La naturopathie : une approche globale et complémentaire
Agir sur les causes biologiques avec la naturopathie
La naturopathie ne prétend pas soigner la dépression au sens médical du terme. En revanche, elle propose une approche complémentaire précieuse, axée sur l’exploration des déséquilibres physiologiques qui peuvent contribuer ou aggraver un état dépressif. Son objectif : soutenir l’organisme dans sa globalité pour favoriser un retour à l’équilibre.
Réduire l’inflammation par l’alimentation
Pilier d'une approche naturelle de la santé, l'alimentation est un levier d'action essentiel contre l'inflammation, reconnue comme un facteur de risque dans de nombreux troubles, dont la dépression.
Voici quelques axes d’action possibles :
adopter alimentation anti-inflammatoire : acides gras, antioxydants, et micronutriments essentiels
identifier et limiter les aliments pro inflammatoires
réduire l'exposition aux toxiques : dans l'alimentation (mais aussi dans les cosmétiques ou son intérieur)
explorer d'éventuelles intolérances alimentaires qui peuvent maintenir un état inflammatoire latent

Soutenir la sphère digestive et le microbiote
En naturopathie, on considère le système digestif comme un pilier de la santé physique et mentale. Il est notamment étroitement connecté au système nerveux via l’axe intestin-cerveau.
Chez une personne souffrant à la fois de dépression et de troubles digestifs (ballonnements, constipation, diarrhée, syndrome de l’intestin irritable…), plusieurs pistes sont explorées :
rééquilibrer le microbiote intestinal, grâce à l’alimentation, aux probiotiques et aux prébiotiques adaptés
renforcer la perméabilité intestinale : une barrière digestive altérée peut favoriser le passage de molécules inflammatoires dans la circulation générale
soutenir les fonctions hépatiques, qui jouent un rôle clé dans l’élimination des toxines et la régulation hormonale
Corriger les carences et déséquilibres nutritionnels
Certains nutriments sont indispensables à la synthèse et au bon fonctionnement des neurotransmetteurs impliqués dans la régulation de l’humeur.
On s’intéresse notamment à :
les vitamines du groupes B (B6, B12...), qui interviennent dans les voies métaboliques du cerveau ;
le magnésium, souvent déficitaire en cas de stress chronique, et qui soutient la régulation nerveuse ;
le zinc, le fer, les acides aminés (comme le tryptophane et la tyrosine), précurseurs de la sérotonine et de la dopamine.
L’approche de la naturopathie repose sur une évaluation individualisée pour éviter toute supplémentation excessive ou inadaptée.
Les plantes : alliées contre la dépression
De nombreuses plantes possèdent des propriétés psychoactives et peuvent moduler l'équilibre des neurotransmetteurs par des mécanismes variés.
Mais leur intérêt ne s’arrête pas là. Les plantes agissent souvent de manière systémique, c’est-à-dire qu’elles influencent plusieurs fonctions corporelles interconnectées. Certaines peuvent ainsi soutenir le système digestif, réguler les cycles hormonaux féminins, réduire l’inflammation, ou encore améliorer la qualité du sommeil — autant d’aspects souvent impliqués dans les troubles dépressifs.
Ces remèdes peuvent être proposés sous forme d’infusions, d’extraits standardisés (compléments alimentaires), de gemmothérapie ou d’huiles essentielles, selon les besoins et sensibilités de chacun.
Vers une approche intégrative de la dépression grâce à la naturopathie
En proposant de multiples leviers d'action naturels adaptées à chaque cas, la naturopathie contribue à transformer progressivement le terrain biologique qui favorise la dépression, mais aussi à soutenir les capacités d'adaptation de l'organisme.
Cette complémentarité à la prise en charge médicale est essentielle pour un accompagnement global efficace et réellement intégratif.
Un accompagnement de naturopathie débute généralement par un bilan approfondi qui permet d'identifier les déséquilibres spécifiques à chaque individu : inflammation chronique, dysbiose intestinale, carences nutritionnelles, stress oxydatif, ou encore déséquilibres hormonaux. Cette évaluation personnalisée permet d'établir un programme adapté qui cible précisément les mécanismes biologiques altérés.

Mélodie Tuquet
Naturopathe à Bordeaux et à distance
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Bibliographie
Florian Ferreri, Alexis Bourla, Jean Capron, Bluenn Quillerou, Julien Rossignol, Alaina Borden, Jérome Guechot, Antonin Lamaziere, Philippe Nuss, Arsène Mekinian, Stéphane Mouchabac, *Intrications organo-psychiatriques : le concept de troubles psychiatriques complexes, quels examens complémentaires ?*, La Presse Médicale, Volume 48, Issue 6, 2019, Pages 609-624,ISSN 0755-4982, https://doi.org/10.1016/j.lpm.2019.04.017 (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0755498219302222)
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